La Vème République en bout de course

, par Chloé Fabre

La Vème République en bout de course

A la suite de la dissolution et d’une campagne électorale trop courte pour être démocratique, l’UEF dénonce une décision irresponsable, prise par un homme seul, qui illustre, une fois de plus, l’inadaptation des institutions de la Vème République au monde contemporain et aux attentes des citoyens.

L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République constitue non seulement une confiscation des élections européennes, de leur résultat et de l’attention portée aux nouveaux équilibres en train de se mettre en place au sein du Parlement et de la Commission. Cette décision brutale de dissolution par le Président de la République a suscité, en outre, stupéfaction et incompréhension chez nos partenaires européens.
Elle est également une décision lourde de conséquence que nous dénonçons. Emmanuel Macron a été élu par deux fois grâce à un vote barrage contre l’extrême-droite. Alors qu’aujourd’hui, vu ses précédents résultats électoraux, l’extrême-droite dispose encore de réserves de voix (12 millions de voix au 1er tour de la présidentielle 2022 alors que 9 millions de personnes ont voté pour les partis d’extrême-droite aux européennes 2024), ces élections anticipées portent le risque majeur de mettre l’extrême-droite au pouvoir.
De plus, ces élections anticipées n’ont laissé qu’une semaine pour la constitution des listes et le dépôt des candidatures et deux semaines de campagne. Ce délai restreint, dans un sentiment d’urgence, contrevient aux principes démocratiques pour permettre un vote serein et éclairé.

Par ailleurs, le Président de la République et certains membres de sa majorité se plaisent à accroître encore la confusion en assimilant l’ensemble du Nouveau Front Populaire et de ses candidats à quelques personnalités extrémistes de la France Insoumise de plus en plus contestées en interne. De surcroît, la stratégie de normalisation par le pouvoir et une partie de la « Macronie », de l’extrême droite continue quand ils affirment, sur les affiches de campagne, « ni RN, ni NUPES » mettant sur un pied d’égalité un parti fondé par des terroristes de l’OAS, d’anciens Waffen SS et des partis démocratiques.

Face au risque de l’extrême droite, de son projet de démocratie illibérale, la Vème République n’est plus adaptée
Photo de la proclamation de la Vème République en octobre 1958 sur la place de la République à Paris avec le texte : Face au risque de l’extrême droite, de son projet de démocratie illibérale, la Vème République n’est plus adaptée

Cette crise n’est pas qu’une crise politique. C’est une crise de régime.

La Vème République, née dans la période de la Guerre d’Algérie et de la lutte contre les fascistes de l’OAS a été construite par un général et pour un général. Elle a, par ailleurs, organisé une centralisation et une concentration des pouvoirs ayant pour corollaire d’avoir effacé nombre de contre-pouvoirs. Les articles liberticides de la Constitution de 1958 seraient du pain béni pour un régime d’extrême-droite.

Face au risque de l’extrême-droite, de son projet de « démocratie illibérale » comme l’a théorisé Viktor Orban ou comme est en train de le mettre en place Giorgia Meloni en Italie, la Vème République n’est plus adaptée. Le pouvoir exécutif central, en disposant des pouvoirs de nomination, notamment des préfets, de nombreux chemins de contournement de l’Assemblée nationale (décrets, article 49.3,dissolution, ou même possibilité de recourir aux pleins-pouvoirs) constituent autant de risques majeurs pour la survie de notre démocratie en cas d’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite.

Il faudra, dans le cas où l’extrême droite ne parviendrait pas au pouvoir à la suite des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, songer à fonder une VIème République, en marche vers le fédéralisme, en redonnant en particulier des contre-pouvoirs, aux échelons locaux, régionaux, aux corps intermédiaires (associations, syndicats, presse), pour protéger notre démocratie de toute dérive illibérale.

D’ici là, pas une seule voix ne doit manquer le 30 juin, ni le 7 juillet, pour faire barrage à l’extrême droite. Pour cela, nous appelons les partis démocratiques, en particulier droite républicaine (LR « canal historique » et UDI), partis de la majorité présidentielle et du Nouveau Front Populaire, à éviter au 2nd tour les triangulaires et à se désister au profit des candidats les mieux placés pour battre le Rassemblement national.

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