6 juin, il y a 70 ans
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Il y a 70 ans, plusieurs milliers de courageux jeunes soldats, en écrasante majorité des Américains, fauchés en quelques heures sur des plages normandes, ont perdu la vie pour ramener la liberté et la démocratie sur un continent que la plupart ne connaissaient pas.
Il est de notre devoir à nous, Européens d’aujourd’hui, de nous rappeler sans cesse ce que nous devons à ces véritables héros. Mais il est, par-dessus tout, notre devoir de tout faire pour que jamais ne revienne ce temps des guerres fratricides, dans une famille qui partage tant de valeurs communes acquises au cours des siècles, constituant, en dépit des horreurs dont ses membres se sont rendus coupables sur toute la surface de la Terre, l’une des plus brillantes civilisations que l’humanité ait élaborée.
N’oublions pas qu’aux yeux de nombreux Américains, surtout chez les descendants d’immigrés originaires d’Europe, celle-ci demeure encore un ensemble étrange d’États où ni la paix, ni la liberté ne sont jamais assurées de manière permanente, et qu’ils englobent volontiers dans une vaste zone dite « EMEA » (Europe – Middle East – Africa). À nous de les rassurer définitivement en faisant le nécessaire pour que jamais plus ne se répètent les horreurs passées, culminant au XXe siècle. Par simple honnêteté, nous devons aussi reconnaître que si l’Union européenne a reçu le Prix Nobel de la Paix, elle s’est établie sur un terrain préparé par les forces alliées.
C’est bien le jour où rattraper par la manche ceux des plus jeunes d’entre nous qui, tout à la jouissance insouciante de leurs fraîches forces vitales, font mine de négliger les sacrifices consentis autrefois par tant de jeunes hommes – et de quelques jeunes femmes – de leur âge, et ricanent même parfois de cette paix qui, tant bien que mal, s’est établie depuis lors sur la plus grande partie de notre continent.
Par ailleurs, nous avons encore entendu ce matin quelques commentateurs stupides nous raconter qu’en 1944 les Américains étaient venus « sauver la France » : il faut en finir avec ces relents de nationalisme prétentieux. Nous n’étions plus en 1917… Et si la Normandie fut bien leur porte d’entrée, ce n’était en réalité, pas plus pour la France que pour la Normandie qu’ils étaient venus combattre, mais pour l’Europe toute entière, comme le démontre assez le débarquement en Sicile un an plus tôt. Plus largement que la seule France, c’est donc l’Europe qui leur en est redevable. Il eut été décent que le président de notre République le mentionne, manifestant ainsi une vision européenne de notre histoire contemporaine.
François Mennerat
6 juin 2014
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