Arménie-Haut Karabakh : face au drame politique et humanitaire d’ampleur qui affecte les populations arméniennes, l’Union Européenne est loin d’être au rendez-vous de l’histoire.
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Comme écrit par Simon Abkarian (Acteur et metteur en scène) et Marie Toussaint (Députée européenne EELV) dans une tribune publiée par le Monde :
« L’entrée des troupes azerbaïdjanaises dans le Haut-Karabakh, le 19 septembre, a réveillé le spectre du génocide des Arméniens, cette cicatrice qui défigure à tout jamais la mémoire européenne. N’avons-nous rien appris de l’histoire ? Combien de temps les Européens vont-ils se voiler la face ? Laisser faire la politique du pire est la pire des politiques : celle de la brutalité, du fait accompli, de l’arbitraire. »
Il est vrai que l’Union Européenne tergiverse, et ses États-membres apparaissent divisés et collectivement paralysés : certains (France, Allemagne, etc.) seraient prêts à des condamnations et actions d’une certaine fermeté. D’autres, Hongrie, Italie, etc., relativement dépendants, en partie, du gaz d’Azerbaïdjan, utilisent les ficelles du « real politique » ou économique. C’est que, après les sanctions de l’UE vis-à-vis de la Russie, ils se sont tournés vers ce pays producteur gazier du Caucase. Suite à un accord scellé par la Commission, et voulus par de nombreux États-membres, les exportations de gaz azerbaïdjanais vers l’UE ont ainsi progressé de 30 %, même si, avec 20 milliards de m3, elles ne représentent que 5 % de la consommation de l’UE.
Du fait des difficultés importantes pour trouver des compromis et, dans le cas présent, du grand écart entre approche humanitaire et intérêts économiques divergents des États-membres (leur raison d’État), le système intergouvernemental européen reste en panne.
On imagine, dans les réunions d’Ambassadeurs du CoPS (la coopération politique européenne [1]), les recherches de consensus et les négociations, ici vaines, jusqu’au petit matin. J’ai participé, en tant que représentant de la Commission, au CoPS de 2003 à 2005, et connu le ton des discussions, et, trop souvent, le consensus qui ne peut advenir. Le CoPS, dans son fonctionnement difficile, est l’archétype de la méthode intergouvernementale pour les relations extérieures de l’UE, où la règle de l’unanimité, ici stérile, domine.
Sur un tel conflit, on ne peut rien espérer du Conseil de l’Europe, où Arménie et Azerbaïdjan siègent, mais aussi Turquie…C’est, dans ce forum, la règle de l’intergouvernemental pur !
Mais l’Union Européenne ?
Certes, elle a déployé, il y a quelques mois, une mission civile le long de la frontière Arménie-Azerbaïdjan.
Certes, pour les aides humanitaires, avec le système Echo (le plus grand mécanisme d’aide humanitaire au monde), elle reste efficace pour soulager les souffrances des populations.
Mais peut-on se contenter de ce rôle de pompier, alors que le défi, et les enjeux sont beaucoup plus vastes.
L’Union des fédéralistes européens (UEF) a raison de réclamer, non seulement, la fin de la règle de l’unanimité pour les décisions concernant les relations extérieures, mais aussi, la création d’un véritable gouvernement européen, avec un Ministre des relations extérieures doté de pouvoirs, visible, cohérent et efficace, sous le contrôle démocratique d’un Parlement européen crédible.
C’est ainsi que de nombreuses Fédérations au monde fonctionnent, de manière tellement plus cohérente que le fonctionnement chaotique actuel de l’UE. Celui-ci ne répond plus aux enjeux ni à sa dimension politique, c’est comme cela que l’on oublie les valeurs qui devraient guider l’action des politiques européennes.
En attendant, on ne peut que réagir avec désespoir à ce témoignage que l’on vient d’entendre, de la part d’un citoyen arménien obligé de fuir les exactions de l’Azerbaïdjan :
« J’ai pensé mettre le feu à ma maison, mais je n’ai pas aimé - j’ai lavé la vaisselle, je l’ai arrangée sur les étagères, comme si j’attendais des visiteurs... Cette année la récolte des (dates) est très bonne. Les turcs vont les manger. Je leur ai laissé une lettre, je leur ai écrit que dans cette maison vivaient des gens honorables, qui s’en sortaient avec la sueur sur le visage, pour la garder propre. Je les ai suppliés d’arroser les fleurs. » ... a écrit un réfugié de l’Artsakh - Haut-Karabakh ... en septembre 2023...
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