Elus et candidats : osez le fédéralisme !
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Un mystère plane sur la politique française. Malgré une opinion publique apparaissant de plus en plus mûre à l’idée, c’est le silence absolu dans tous les partis politiques, même les plus européistes d’entre eux.
Les partis ne parviennent plus à parler à la population, à susciter adhésion ni même enthousiasme. Ils ont à disposition une vision révolutionnaire soutenue par une moitié de la population mais non, ils ne s’en saisissent pas. Ils défendent tantôt l’idée d’Europe, tantôt la subsidiarité, parfois les deux, mais ils ne franchissent pas le pas. L’omerta du « F word » règne.
Pourtant, cette proposition audacieuse pourrait faire revenir à eux quantités d’électeurs. Vous ne croyez pas ?
Quelques faits.
En mars 2022, l’Ifop pour le JDD/Paris Match/Europe 1 à la question
« Pensez-vous que la France devrait proposer l’instauration d’un gouvernement fédéral européen qui agirait sans avoir à consulter les gouvernements des Etats membres ? »,
49% des Français répondent qu’ils y sont favorables.
Déjà fin 2021, dans un sondage Odoxa paru le 8 décembre 2021, avant la guerre en Ukraine, les Français réagissaient sur la proposition d’Europe fédérale de l’actuelle coalition allemande :
Le nouveau chancelier, à la tête d’une coalition souhaite “avancer vers une Europe fédérale”
58% des Français interrogés estiment que c’est “une bonne chose”
63 à 73% de Français et de Françaises sont ainsi favorables à une #Eurofederation de LR à LFI, et même 41% chez les proches du RN
Le mot « fédéralisme » ne fait donc pas peur à une majorité de Français.
Pourtant qui sait vraiment ce que recouvre le fédéralisme ? Objet de fantasmes de la part des nationalistes, le fédéralisme est souvent confondu (en France uniquement) avec un Etat central unitaire tout puissant, dirigé depuis la capitale au mépris des Etats membres. En gros, le fonctionnement de la république française actuelle, historiquement jacobine, bureaucratique et dirigée depuis Paris.
Or le fédéralisme est tout l’inverse.
Fédéralisme : fantasmes et réalité
Le fédéralisme est la traduction en système institutionnel et politique du principe de subsidiarité qui se veut un mouvement de délégation du pouvoir de la base vers le sommet. Cela part du principe que la souveraineté appartient d’abord à l’individu ou au quartier/village mais que, vivant en société, il délègue certaines missions collectives d’abord à la commune. La commune elle-même, ayant un territoire et une capacité d’action limités, délègue ensuite des compétences à la région, puis à l’Etat etc. et de fil en aiguille jusqu’au niveau supérieur, en l’occurence l’Europe.
Dans une fédération, le pouvoir appartient donc à la base, qui le délègue au niveau supérieur. Ce n’est pas l’Etat central qui octroie du pouvoir aux collectivités. Ainsi, dans une fédération, Etats fédérés et fédération sont sur un pied d’égalité. L’un n’est pas subordonné à l’autre, ils sont parfaitement égaux et c’est la constitution qui répartit leurs périmètres d’action. Si conflit entre les deux, c’est la cour de justice qui règle cela, par le droit, sur la base des textes démocratiquement adoptés.
Par exemple, financièrement, chaque entité est autonome, a ses propres ressources et gère ses dépenses (et une partie des recettes) comme elle l’entend. Dans une Europe fédérale, Bruxelles n’aurait pas son mot à dire sur les budgets nationaux.
Ce que le fédéralisme n’est pas
Le fédéralisme n’est donc pas l’exercice d’un pouvoir descendant, vertical concentré entre peu de mains, lointain et autoritaire. C’est tout l’inverse.
Cette philosophie est ainsi parfaitement adaptée au monde d’aujourd’hui où les citoyens ont soif de participation aux décisions, de proximité, de reprise de contrôle, d’horizontalité. Mais dans un monde globalisé et peuplé d’empires et de multinationales parfois en roue libre, le fédéralisme permet de concilier ces aspirations avec ces enjeux de démocratie, de valeurs à défendre, de justice, d’organisation du monde, d’opposition aux forces extérieures hostiles aux démocraties libérales.
Ce que le fédéralisme peut être
Une des grandes forces du fédéralisme c’est qu’il offre une infinité de possibilités : démocratie parlementaire ou présidentielle, larges compétences au niveau fédéral, partagées avec les Etats fédérés, ou compétences très restreintes sur la politique extérieure (défense, diplomatie, commerce extérieur), péréquation importante entre Etats ou minimaliste, constitution plus ou moins libérale ou socialiste ou absolument neutre.
Mesdames, messieurs, vous savez que les copies et les vieilles recettes ne fonctionnent plus dans le paysage politique français actuel. Faut-il vous rappeler comment les vieux partis les plus ancrés ont été balayés, de même que les plus longs carriéristes de tout bord ?
Les élections européennes approchent, ne reproduisons pas les erreurs du passés.
Nous, à la fois eurosceptiques et pro-européens, ne nous laissons pas enfermer dans un débat binaire pro UE actuelle ou anti-UE. Incarnons une troisième voie : l’Europe, oui, mais basée sur la subsidiarité, préservant les particularités des Etats tout en étant crédible sur les grands enjeux dépassant les frontières, et démocratique.
Donnons-lui un nom : l’eurofédération.
Si vous cherchiez un projet moderne qui répond aux enjeux d’aujourd’hui et est populaire parmi l’électorat, ne cherchez plus, vous l’avez trouvé !
Alors osez ! Soyez innovants, différenciez-vous à la fois des populistes et des eurobéats promouvant une Europe tentaculaire et bureaucratique !
Sources :
https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2022/03/119006-Rapport.pdf
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