Juncker reste timide sur l’intégration de la zone euro
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Il semblerait que la vague d’enthousiasme suite aux propos d’Emmanuel Macron sur l’Europe n’ait pas atteint le président de la Commission européenne. En dévoilant ses dernières proposition visant à approfondir l’Union économique et monétaire, Jean-Claude Juncker a montré qu’il ne comptait pas changer de ligne quitte à paraître un peu anachronique.
Une démocratisation à la marge
La proposition principale révélée est la création d’un ministre européen de l’économie et des finances qui cumulerait les postes de Vice Président de la Commission Européenne ainsi que de président de l’Eurogroupe.
Contrairement aux membres de l’Eurogroupe, ceux de la Commission européenne sont auditionnés par le Parlement européen régulièrement. En mutualisant les deux fonctions, cela permettra au Parlement Européen de suivre de plus près les travaux de l’Eurogroupe qui sont aujourd’hui peu transparents.
Cette proposition devrait également augmenter la lisibilité de la zone euro à l’extérieur grâce à sa personnalisation. C’est une méthode qui a déjà fait ses preuves, en effet l’Union européenne a vécu un précédent similaire avec sa politique étrangère suite à l’arrivée de Federica Mogherini aux postes cumulés de Vice-Présidente de la Commission européenne et de Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Une seconde proposition consiste à transférer le contenu du Pacte Budgétaire Européen dans le droit de l’Union et ainsi à rendre son cadre juridique plus cohérent. Il s’agit plus d’une opération de "nettoyage" que d’une réelle intégration de la zone euro car le contenu resterait inchangé. Cette opération empêche néanmoins un vrai débat avec les citoyens sur un texte dont le contenu ne fait pas consensus.
La politique économique toujours absente
La Commission souhaite faire évoluer le Mécanisme Européen de Stabilité en Fond Monétaire Européen (FME). Hélas, les décisions resteront prises à l’unanimité des États dans la quasi-totalité des cas ce qui ne favorise pas l’efficacité car un seul pays peut bloquer tout le processus.
Si l’intégration dans un cadre légal unique apporte plus de clarté, il ajoute également des contraintes inhérentes aux règles budgétaires de l’UE. Ainsi le plafonnement actuel du budget européen à un niveau très bas annule tout développement ambitieux d’une véritable politique macro-économique au niveau européen. Le FME restera anecdotique indépendamment de la politique économique envisagée.
Par ailleurs, le budget européen est rediscuté par les États et il est possible qu’avec une simple ligne dans le budget de l’UE, le FME soit supprimé dans les prochaines années.
Une intégration de la zone euro sans ambitions
Alors qu’Emmanuel Macron s’est exprimé fortement sur le sujet et a été suivi par Martin Schulz en Allemagne récemment, la Commission européenne reste paralysée sur des propositions a minima.
Elle va même plus loin en choisissant de ne s’attaquer qu’à des causes extérieurs à son action : les chocs asymétriques et les réformes structurelles des États. L’Union européenne ne serait pas responsable des différentes crises traversées par la zone euro alors que l’absence d’union économique et fiscale est souvent citée.
Au lieu de profiter des Conventions démocratiques voire des élections européennes pour engager un débat sur l’avenir de la zone euro et dépasser les traités rédigés en catimini en temps de crise, Jean-Claude Juncker propose de tout entériner avant mi-2019 en consultant simplement le Parlement européen. Cette position peut sembler arrogante mais elle est peut-être le fruit d’une paralysie de l’exécutif européen qui peine à imaginer une transformation en profondeur de la zone euro.
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