L’Europe, entre le déshonneur et la guerre
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Frontière - Creative Commons Zero - CC0 via peakpx.com
La panique planétaire autour du Coronavirus a relégué la crise migratoire
européenne, sur fond de guerre syrienne, en arrière-plan.
Médias, Etats, citoyens, font un décompte quotidien des quelques milliers de morts du Covid-19, mais a-t-on fait le même décompte macabre des quelques 400 000 morts de la guerre en Syrie ? On s’inquiète d’un virus dont on ne possède pas l’antidote, mais s’inquiète-t-on, avec la même obstination, de cet autre virus bien plus mortel et dont on ne possède pas non plus l’antidote, qu’est la guerre fratricide que les hommes et les nations se livrent quotidiennement dans le monde. On montre du doigt des "migrants" au lieu de voir des réfugiés de guerre qui ont besoin d’aide. On regarde les conséquences de cet afflux à nos portes, au lieu de voir les causes, à la porte de ces gens qui ont fui la mort. Dans notre histoire européenne tourmentée, il y a comme un relent du même déni, de la même lâcheté et du même déshonneur qu’en 1938 quand français et britanniques ont laissé Hitler annexer la Tchécoslovaquie. La même passivité face la dictature de Bachar el-Assad et son complice Poutine. L’Europe de 1938 a eu non seulement le déshonneur mais aussi la guerre. Faisons preuve de courage et de mémoire pour ne pas récolter les mêmes désastres !
On peut saluer le courage de Merkel qui a décidé en 2015 d’accueillir 1 million de réfugiés, dans l’immobilisme des autres États européens. Elle en paye aujourd’hui le prix politique. On lui reproche de n’avoir consulté personne mais la preuve est qu’aujourd’hui la seule unité européenne est dans les barbelés et la fermeture des frontières. On accuse la Turquie de faire un chantage aux européens, qui cependant lui ont délégué la gestion du problème migratoire à coups de milliards d’euros (dont la totalité d’ailleurs n’a jamais été remise aux organisations concernées).
Les États européens persistent encore dans cette politique de l’autruche en demandant à Erdoğan de respecter un accord sans issue. Un accord financier au lieu d’une prise de position politique. Un accord déshonorant pour la majorité des citoyens européens qui approuvent les valeurs de paix et de solidarité.
Le courage et la vraie politique européenne aurait été de ne pas abandonner la Syrie et d’aider les populations à construire une démocratie. Le courage aurait été de régler la cause des problèmes migratoires (régler le conflit et arrêter la guerre) et d’imposer le droit international dans cette région. Sans cela, tout ce qui arrive aujourd’hui était prévisible. L’Europe, par son immobilisme, a attisé les haines et le rejet. Elle a laissé la parole aux minorités xénophobes au lieu d’affirmer la voix de la majorité démocratique !
Il est temps de faire entendre cette voix de la démocratie européenne. Il est temps d’avancer vers une Europe fédérale solidaire dotée d’une politique étrangère commune. Il est temps de réformer le système de Dublin afin d’éviter que les pays frontaliers soient les seuls à supporter le poids de la crise migratoire, dans le risque permanent de faire vaciller les fondements de l’UE ! Attendrons-nous que cette situation fasse éclater l’Europe et détourne les citoyens du projet européen ? Pire encore : attendrons-nous que la guerre se déclare aux portes du continent ?
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