Michel Dévoluy, Osons enfin les États-Unis d’Europe
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Michel Herland, économiste, nous propose cette recension du livre de Michel Dévoluy, président de l’UEF-PACA : « Osons enfin les États-Unis d’Europe » (Paris, Vérone Éditions, 2019, 67 p., 11 €).
« Soyons réalistes, demandons l’impossible. »
Michel Dévoluy), universitaire, titulaire d’une chaire Jean Monnet d’économie européenne, lance dans son nouvel ouvrage un appel au peuple européen afin qu’il se mobilise pour faire advenir la Fédération depuis si longtemps annoncée (Kant, Hugo) et jamais vraiment mise sur le métier. Si les lecteurs de Fédéchoses, ou les militants de l’UEF, n’ont pas besoin d’être convaincus de la nécessité de cette fédération, le livre court mais dense du professeur Dévoluy a le mérite, sur bien des sujets, de mettre les points sur les i. Par exemple que la construction européenne n’est pas seulement nécessaire au nom des idéaux de paix et de fraternité : l’Europe, « géant économique mais nain politique » a un urgent besoin de mieux défendre ses intérêts dans un monde où les États-Unis (d’Amérique) imposent leurs lois sans vergogne (voir les jugements léonins contre les entreprises européennes) tandis que la Chine pousse partout ses pions et que la Russie est en embuscade. Autre idée forte du livre : les fédéralistes doivent avoir la lucidité de reconnaître qu’une union politique véritable à 28 ou à 27 n’est pas à l’ordre du jour. Force est d’admettre que la Fédération ne se construira que sur une base plus étroite entre des pays suffisamment homogènes. M. Dévoluy considère que la zone euro possède la dimension appropriée et il est vrai que la présence d’une monnaie commune est déjà un grand pas en avant, lequel, de surcroît, appelle logiquement à être complété par l’union politique. Acceptons-en l’augure même si l’on peut se demander si les difficultés récurrentes de la zone euro ne sont pas le signe d’une hétérogénéité trop forte.
M. Dévoluy montre très bien par ailleurs d’une part le lien entre le refus de la fédération et le libéralisme (le dumping fiscal et social, etc.), d’autre part comment au contraire la fédération est la condition nécessaire, sinon suffisante, de l’avènement de l’Europe sociale attendue par le peuple européen. Et tel est, bien sûr, l’argument que les fédéralistes doivent sans cesse mettre en avant pour mobiliser l’opinion.
Mobiliser l’opinion pour faire pression sur le Parlement européen qui fera pression à son tour sur le Conseil européen, telle est la voie préconisée par M. Dévoluy. Il est inutile en effet d’attendre des chefs d’État et de gouvernement qu’ils fassent spontanément offrande de leurs prérogatives sur l’autel de l’Europe. M. Dévoluy rappelle que le Conseil est une création « spontanée » (en 1974) des chefs d’État inquiets de l’importance croissante des institutions européennes, qui n’est devenu lui-même une institution officielle de l’Union européenne que par le Traité de Lisbonne (2007).
Tandis que s’accumulent les défis de toute sorte (stratégiques, économiques, sociaux, environnementaux) qui rendent de plus en plus nécessaire la fédération, les fédéralistes ne se font guère entendre, faute, peut-être, de savoir quel discours tenir. Le « petit » livre de M. Dévoluy est alors le guide qu’il leur faut pour (re)partir en campagne.
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