On s’en fiche de « l’influence de la France à Bruxelles »
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
A l’occasion de la sortie de Thierry Breton de la Commission européenne et des tractations autour de la nouvelle Commission, la sphère médiatique saisit l’occasion de créer un nouveau psychodrame dont elle a le secret. Et dans ce tumulte de commentaires autour de la nomination de Stéphane Séjourné, on entend à souhait l’expression : « c’est une perte d’influence pour la France », « la France a perdu », « Ursula Von Der Leyen/l’Allemagne, a gagné » « tenu par les Allemands », etc.
C’est être complètement à côté du sujet. Rappelons que la Commission européenne est censée être comme un « gouvernement » de l’Union Européenne, c’est-à-dire agissant de concert pour l’intérêt de l’Union Européenne et donc de tous les Européens. Alors certes, dans les institutions intergouvernementales actuelles, cet organe, la Commission, est bancal pour plusieurs raisons :
- Elle est un organe législatif (le parlement européen n’ayant pas l’initiative des lois) alors qu’elle devrait être un exécutif.
- Elle n’est pas directement conforme aux résultats des élections du parlement européen.
- Ses membres sont nommés par les États et non par une instance européenne légitimée par des élections européennes.
- Actuellement, sa composition doit ainsi respecter des critères de nationalité et plutôt que de compétence et de couleur politique.
Ce dernier état de fait entretient une mentalité qui pourrit l’unité européenne car elle alimente une vision fragmentée de l’Europe. C’est à dire une vision d’Etats alliés qui tentent individuellement de tirer la couverture vers eux plutôt que d’agir pour le bien commun de l’ensemble. Cette logique intergouvernementale de décompte des postes par nationalités nourrit les divisions, là où nous devrions chercher l’unité et la cohésion, et empêche l’Union Européenne de défendre efficacement ses intérêts et celui des Européens dans le monde.
Qu’on s’entende, on peut légitimement critiquer Ursula Von Der Leyen, mais réduire les nominations et les commissaires à des enjeux de luttes d’influence entre États-membres est stupide et toxique pour la politique. Ce qui importe dans ces nominations n’est pas l’influence de tel ou tel Etat mais l’intérêt supérieur du continent européen et des citoyens qui y habitent.
Ce traitement médiatique et ces négociations fastidieuses démontrent une fois de plus qu’il est grand temps de réformer les traités européens et d’introduire enfin une démocratie européenne fonctionnelle, solide, cohérente et légitime et donc fédérale. Vive l’Eurofédération.
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