Cette gouvernance globale, démocratique et supranationale garantit que les gouvernements nationaux garderaient le contrôle sur les questions qui ne sont pas mondiales. Elle pourrait mieux s’attaquer aux défis transnationaux, comme le changement climatique, les crises économiques, et les inégalités croissantes. Les résultats du sondage montrent que les citoyens et les citoyennes de tous les continents voient dans cette idée une réponse nécessaire aux échecs des institutions actuelles pour protéger l’intérêt commun.

Les chercheurs indiquent que “face aux nombreuses crises transnationales, la gouvernance mondiale revient sur le devant de la scène dans les débats académiques et publics. Alors que les générations antérieures de penseurs et de citoyens débattaient vivement de l’idée toujours d’actualité de gouvernement mondial, de telles propositions sont de nos jours souvent rapidement rejetées par les chercheurs et les professionnels.” Or, ils rappellent que “nous en savons peu sur l’attitude des citoyens par rapport aux propositions de gouvernement mondial”.

Un sondage solide sur plus de 42 000 citoyens de 17 pays du Sud, du Nord, de l’Orient et de l’Occident

La question posée

“L’établissement d’un gouvernement mondial qui devrait être démocratique en ce sens que les peuples du monde entier seraient représentés par des élections libres et équitables ou d’autres moyens de participation des citoyens, et qui devrait avoir le droit et le pouvoir de traiter des questions mondiales telles que le changement climatique, la pauvreté dans le monde et la paix internationale, tandis que les gouvernements nationaux garderaient le contrôle sur les questions qui ne sont pas mondiales”.

Les résultats par pays pour “un gouvernement mondial démocratique se concentrant sur les questions mondiales”

Des majorités nettes dans tous les pays - à l’exception des États-Unis - soutiennent la proposition d’un gouvernement mondial démocratique qui se limite aux questions mondiales

L’Égypte, l’Inde, le Kenya, l’Indonésie, la Corée du Sud, la Colombie et la Hongrie présentent les plus fortes majorités en faveur d’un gouvernement mondial, allant de 75 à 82 % des personnes interrogées soutenant l’idée. La diversité de ces pays en termes de population, de développement, de liberté et de puissance, illustre le large attrait de la proposition de gouvernement mondial à travers le monde. Les pays les moins favorables - hormis les États-Unis - sont la Russie et l’Argentine, où le soutien à la proposition entièrement spécifiée s’élève respectivement à 56 et 58 % - des majorités absolues encore confortables. Et même 67% des personnes interrogées soutiennent l’idée en France.

Dans le détail :

L’idée n’est rejetée par les majorités que si elle reste vague
Lorsque l’on précise l’idée en qualifiant ce gouvernement mondial de démocratique et/ou de centré sur des problématiques mondiales comme le changement climatique, le soutien public augmente drastiquement et des majorités écrasantes dans le monde entier en viennent à soutenir un gouvernement mondial
Le soutien est supérieur chez les pays plus peuplés, moins libres, moins puissants et/ou moins développés
La seule exception reste les États-Unis : aucune précision concernant le gouvernement mondial ne reçoit l’approbation d’une majorité du public

Un consensus très clair partagé par des citoyens plus ouverts que leurs dirigeants

Dans l’ensemble, les chercheurs indiquent que “les résultats montrent qu’il existe un soutien international important du public vis-à-vis de transformations fondamentales de la gouvernance mondiale, et donc signalent aux militants et aux décideurs qu’ils peuvent s’appuyer sur un large soutien populaire pour promouvoir des réformes pertinentes”.

Cette étude démontre une prise de conscience mondiale de la nécessité d’une nouvelle forme de gouvernance pour répondre aux défis contemporains. Un consensus chez les citoyens et les citoyennes émerge en faveur d’une fédération mondiale capable de relever les défis transnationaux par la coopération et la solidarité, ouvrant la voie à une gouvernance internationale plus démocratique et solidaire.

Il serait temps que les politiques et les médias en prennent conscience.

Source

Farsan Ghassim, Markus Pauli
International Studies Quarterly, Volume 68, Issue 3, September 2024, sqae105, https://doi.org/10.1093/isq/sqae105