Jacques Maritain, philosophe et fédéraliste
Jacques Maritain (1882-1973), auteur d’une soixantaine d’ouvrages publiés de 1913 à 1973 est un philosophe français d’origine et d’éducation protestante converti en 1906 au catholicisme. Il rencontre à La Sorbonne celle qu’il épousera en 1904 et qui partagera les combats de toute sa vie, Raïssa Oumansoff, immigrée juive d’origine russe et ukrainienne. D’abord proche de l’Action française et de Charles Maurras, il prend, en 1926, position pour le Vatican dans ses mises en garde aux catholiques vis-à-vis du mouvement monarchiste. Dans les années suivantes il participe à l’aventure des « non-conformistes des années 30 », qui aboutit à la création du mouvement personnaliste ; c’est probablement là que doivent être recherchées les racines de sa connaissance du fédéralisme et de son engagement durant la seconde guerre mondiale pour une fédération européenne et, après l’explosion des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki, pour un gouvernement mondial fédéral.
Maritain quitte l’Europe en 1933 pour devenir professeur aux universités de Toronto puis de Columbia et de Princeton. Il poursuit sa réflexion sur les thèmes politiques et sociaux. Bloqué en Amérique du Nord par l’éclatement de la guerre il prend violemment position contre le régime de Vichy dès juin 1940. Alors qu’il a toujours refusé d’appartenir au Comité national de la France libre, il ne peut pas tout refuser à de Gaulle qui lui propose l’Ambassade de France au Vatican et il l’occupera de 1945 à 1948, avant de retourner enseigner à Princeton. Revenu en Europe et brisé après le décès de son épouse, il s’installe en 1961 à Toulouse auprès de la congrégation des Petits frères de Jésus dont il deviendra membre en 1970. Jacques et Raïssa Maritain sont enterrés à Kolbsheim dans le Bas-Rhin d’où le Cercle d’études Jacques et Raïssa Maritain [1] poursuit la diffusion de son œuvre et conserve la plupart de ses archives.
Lorsque la revue créée et dirigée jusqu’à sa mort par Mario Albertini à Pavie, Il Federalista, décide en 1984 de créer une rubrique « Le fédéralisme dans l’histoire de la pensée », destinée à créer une anthologie de la culture fédéraliste, avec l’étude de l’engagement fédéraliste d’Albert Einstein, elle écrivait que « le fédéralisme a déjà une longue histoire et une riche tradition culturelle. Mais cette tradition est largement méconnue (...) C’est pourquoi quelques auteurs fédéralistes ont été complètement oubliés, tandis que d’autres ne sont connus que pour la part de leurs travaux qui n’a rien à voir avec le fédéralisme » [2].
Cette affirmation est parfaitement justifiée pour Jacques Maritain comme elle l’est pour nombre d’autres personnalités (l’Abbé Pierre, Thomas Mann, Albert Einstein, Léopold S. Senghor, Albert Camus, Jules Romain...). Maritain possède en effet une excellente connaissance du fédéralisme (y compris anglo-saxon). Ses écrits fédéralistes s’étalent de la fin des années 1930 au milieu des années 1950, du moins en ce qui concerne le fédéralisme européen, atlantique ou mondial. Quatre de ces textes, « L’Europe et l’idée fédérale » (1940), « L’Europe et les tâches de l’après-guerre » (1940), « Le concept de souveraineté » (1951) et, enfin, « Le problème de l’unification politique du monde » (1951) ont été regroupés dès 1993, dans le cadre d’un intéressant volume, Jacques Maritain, l’Europe et l’idée fédérale, publié par les éditions Mame et introduit par Philippe Chenaux [3] dont nous ne pouvons, encore aujourd’hui qu’encourager la lecture et la diffusion.
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