La BCE nous montre la voie, saisissons cette chance !
La date du jeudi 22 janvier 2015 marque une nouvelle étape, historique, de cette politique audacieuse et volontariste de la BCE et de son président Mario Draghi.
La BCE va, en effet, injecter 1.140 milliards d’euros en rachetant des dettes publiques d’Etats et des dettes privées, au rythme de 60 milliards d’euro par mois dès mars 2015, et jusqu’à septembre 2016. Tous les gouvernements de la zone euro ont salué ce plan de la BCE, ainsi que les places financières, y voyant un effet à terme sur l’économie réelle et sa légitime relance.
Ce tournant historique a certes beaucoup d’avantages, pour contribuer à la relance de la croissance, et au retour de la compétitivité des entreprises, créatrices d’emplois, mais trois bémols doivent quand même être énoncés :
- seulement 20% des achats d’actifs (de dettes) seront sous garantie commune de la BCE, les 80% restant étant couverts par ... les banques centrales nationales. Et en laissant la garantie aux banques centrales nationales pour 80% des rachats de dette, on prend le risque de faire augmenter les primes demandées par les investisseurs dans les pays où ils ont moins confiance, de leurs investissements et de leurs remboursements....
- le rachat de la dette grecque sera-t-il possible dans cette opération d’assouplissement monétaire qui prévoit de racheter des dettes « sûres » ? Or, c’est la Grèce qui en a le plus besoin, devant le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la France !
- ce montant de rachat de dettes (1140 milliards) n’est, quand même, pas si astronomique que cela, comparé aux injections monétaires des Etats-Unis entre 2008 et 2014.
Gardons-nous de toute euphorie : cette politique monétaire innovante, jamais essayée par la BCE jusqu’alors, est un tournant majeur, mais ne peut tout régler. C’est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour relancer la croissance. Ce n’est pas la BCE qui crée des emplois. Ce sont les entreprises, dans les Etats qui ont fait des réformes nécessaires.
L’assouplissement monétaire, aura certes des effets sur l’économie européenne, mais à long terme. Profiter de l’aubaine pour ne rien faire serait tragique pour les pays cigales, qui n’ont pas fait de réformes structurelles, ni de relance par l’investissement productif.
L’UEF-France ne peut qu’approuver ce plan de la BCE. Toutefois l’UEF-France dénonce le poids démesuré des États membres dans le partage des rôles pour la garantie de la dette. Par nature, l’euro constitue une monnaie fédérale et la banque commune européenne est un organe fédéral. Habitée par la mission que lui confient les traités, elle incarne désormais clairement la solidarité entre tous les membres de la zone euro. Mais pour garantir de manière durable et démocratique la stabilité de celle-ci et celle de notre monnaie, il faut rapidement instaurer un gouvernement politique.
Par ailleurs, l’UEF-France appelle de ses vœux la création d’un « Trésor européen » fédéral, ainsi que d’un budget européen doté de ressources propres. L’UEF demande aussi la mise en place de « Projects Bonds », afin d’investir sur de grands projets européens, dans l’industrie et les nouvelles technologies. Les liquidités déversées doivent se transformer en investissements massifs en zone euro.
Tant que l’on n’aura pas franchi ce pas décisif, il y aura les « bons » et les « mauvais » Etats, les performants et les fragiles, qui se neutralisent par une concurrence absurde et suicidaire. L’esprit communautaire ne doit pas être une option, mais une évidence. Le fédéralisme, c’est pour tout de suite. La BCE nous montre la voie. Saisissons cette chance !
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