Le coronavirus révèle les limites de l’Europe intergouvernementale
Charles Michel, président du Conseil européen, lors de la téléconférence sur le coronavirus le 10 mars 2020 - Union européenne
Face à une crise de santé publique inédite dans son ampleur, l’Union européenne intergouvernementale s’est révélée incapable de réagir comme il eût été souhaitable. Les gouvernements des États membres ont en effet jusqu’à présent privé nos institutions communes des compétences nécessaires pour agir de manière collective et efficace. On assiste, dès lors, à des réactions étatiques dispersées qui mettent en danger les citoyens européens.
Au 14 mars, six semaines après les premiers cas diagnostiqués en Europe, 34975 personnes dans l’Union européenne ont été atteintes par la pandémie de COVID-19, entraînant 1507 décès.
C’est dans l’improvisation et l’incohérence que les États membres de l’Union européenne ont apporté une réponse à cette crise globale majeure. Faute d’avoir confié à l’Union européenne les moyens politiques, institutionnels et financiers pour assurer une réponse commune, ils ont aussi manqué de coordination et de concertation. On peut ainsi regretter que l’Italie ait été décriée par ses partenaires européens pour des mesures qu’elle a dû prendre face à ce qui était considéré à tort comme un problème italien, ou que la France et la Belgique décident, le même soir, d’annoncer des mesures drastiques - bienvenues - mais différentes pour endiguer la contagion.
Il faut le rappeler : l’Union n’a pas de compétences explicites dans ce domaine. Néanmoins, la Commission européenne aurait dû décider, au nom de l’intérêts des Européens, de proposer une stratégie commune. Il ne fallait pas laisser le Conseil européen - instance où siègent les chefs d’État et de gouvernement des États membres - prendre les commandes et attendre le 10 mars pour se réunir sur le sujet. Il est également regrettable que Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale européenne, en soit réduite à prier les gouvernements européens d’agir pour éviter une crise financière.
Nous appelons donc les gouvernements des États membres et les institutions de l’Union à redoubler d’efforts pour apporter une réponse collective à cette crise, notamment pour soutenir les citoyens européens dans les territoires les plus touchés, ainsi que pour envisager des mesures coordonnées pour accompagner les secteurs économiques qui pâtiront le plus de l’épidémie. Il est grand temps que les projets d’Europe qu’Emmanuel Macron a appelé de ses vœux dans son allocution aux Français, notamment en matières de recherche et de gouvernance, prennent une forme réelle et que l’Union se donne les moyens de répondre efficacement à la crise.
Une fois la tempête passée, il faudra tirer les leçons de cette faillite de l’Europe intergouvernementale et amorcer sans attendre une refonte en profondeur de l’Union européenne vers une Europe fédérale, seule susceptible de répondre aux attentes du peuple européen dans un monde globalisé.
Paris, le 14 mars 2020
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