Top jobs européens : le Parlement, dernier rempart de la démocratie après les magouilles du Conseil ?
Parlement européen - Marc Dossmann © Union européenne 2019 - Source : PE
Pour sauver une démocratie européenne mise à mal par le Conseil européen, le Parlement doit rejeter la proposition faite pour la présidence de la Commission.
Après 48 heures de négociations marathon secrètes et de scénarios plus rocambolesques les uns que les autres, le Conseil européen a décidé, à huis clos, de proposer Ursula von der Leyen, actuelle ministre allemande de la défense comme future présidente de la Commission européenne. L’UEF-France déplore cette décision qui constitue un recul démocratique inadmissible.
Conformément à l’esprit des traités, les principales formations politiques européennes ont présenté lors de la campagne électorale des candidats à la présidence de la Commission européenne (Spitzenkandidaten). Ces derniers ont été présentés au public avant l’élection européenne et ont débattu en public de leur vision de l’avenir de l’Union européenne et des politiques publiques européennes qui devaient être menées. Cette démarche, déjà appliquée en 2014, renforce la transparence et le débat public européen. Elle avait alors été à l’origine de la désignation du président de la Commission européenne. Aujourd’hui, le Conseil européen, composé des Chefs d’États et de gouvernements, propose de nommer à la Présidence de la Commission une personne qui n’a pas pris part à cette démarche. Malgré de réelles qualités personnelles et professionnelles, Ursula Von der Leyen voit dès le départ sa légitimité démocratique fragilisée.
En refusant de se conformer à l’esprit des traités et à l’avancée que représente le système des Spitzenkandidaten, le Conseil commet une faute et remet en cause le processus de démocratisation de l’Union européenne.
Face à un système institutionnel bancal, dans lequel le Conseil bénéficie d’un pouvoir démesuré et peu légitime, au détriment d’un Parlement élu au suffrage universel direct, qui pâtit de l’existence d’un système de têtes de liste inachevé, l’UEF-France rappelle son attachement à des modifications radicales des traités.
Ces derniers jours ont à nouveau démontré l’inadéquation de l’intergouvernementalisme, système inefficace et indigne d’une véritable démocratie européenne. L’Union européenne doit impérativement se transformer en véritable démocratie parlementaire suivant le modèle fédéral pour être à la hauteur des enjeux.
Il ne pourra pas y avoir de véritable avancée démocratique sans réaction de nos élus face à la provocation du Conseil. Le Parlement européen, dans sa résolution de février 2018, avait ainsi indiqué être prêt à rejeter tout président de la Commission qui serait désigné sans avoir été tête de liste d’une famille politique aux élections européennes 2019.
Par conséquent, l’UEF-France exhorte le Parlement européen à rejeter la proposition indécente faite par le Conseil européen. Il en va de la crédibilité de l’institution et du respect du vote de plus de 300 millions d’électeurs.
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