La montée des tensions internationales se manifeste aujourd’hui par une lutte pour le territoire et les ressources, aggravée par la destruction écologique et la surpopulation sur des zones fragiles. Les nouvelles technologies accentuent la compétition autour des matières premières, notamment les métaux rares nécessaires aux batteries et aux équipements électroniques, ce qui favorise l’émergence de régimes autoritaires et nationalistes.

Il ne suffit plus de se contenter de déclarations fermes : il est essentiel que Vladimir Poutine et les autres acteurs hostiles perçoivent la détermination réelle de l’Europe, traduite par des actions concrètes et une unité sans faille, tout en évitant l’escalade. Pour affaiblir l’axe Russie-Chine-Iran-Corée du Nord, il est pertinent de cibler la Chine, qui reste dépendante de l’accès au marché européen, alors que ses échanges avec la Russie sont limités. L’Europe doit donc utiliser son poids économique et commercial comme levier d’influence, tout en renforçant ses partenariats stratégiques avec l’Inde, acteur clé de l’équilibre mondial.

Par ailleurs, il est crucial d’intensifier l’engagement européen en Afrique afin de ne pas laisser ce continent stratégique sous l’influence exclusive de la Chine. L’Union européenne doit proposer une coopération fondée sur le développement durable, la formation et le partenariat équitable, offrant ainsi une alternative crédible et attractive aux investissements chinois.

Pour renforcer durablement sa position sur la scène internationale, l’élargissement accéléré de l’Union européenne et la construction d’une Europe fédérale apparaissent comme des évidences stratégiques. Un marché intérieur élargi et une Europe plus intégrée permettront de mieux défendre nos intérêts économiques, politiques et sécuritaires face aux grandes puissances mondiales. Prendre de court nos adversaires et garder l’initiative exigent de l’audace et une capacité à aller plus vite que leur potentiel de réaction. Cela implique d’accélérer l’élargissement, de créer un pacte de défense fondé sur l’inviolabilité des territoires de l’Union, et de mettre en place sans délai une force commune de défense européenne.

Cette transformation ne pourra être efficace qu’avec la mise en place d’un véritable gouvernement fédéral européen, doté d’un pouvoir exécutif direct, composé d’un nombre limité de ministres et élu par l’ensemble des citoyens européens. Seul un système fédéral permettrait à une Europe élargie d’opérer un virage rapide vers une transformation démocratique et structurelle, capable de répondre aux défis géopolitiques actuels.

C’est pour cela que, nous fédéralistes, portons la nécessité d’une nouvelle constitution européenne qui permette ce changement fondamental. Cette constitution devra prévoir la création immédiate d’un commandement européen commun, logistique et décisionnel, pour une force de défense partagée, sans délais. Elle devra également être soumise au vote populaire, à la majorité de tous les citoyens européens, et non plus État par État, afin de créer dès la première étape un fort sentiment d’unité et de légitimité démocratique. Seul un tel processus constituant, ouvert et transnational, peut permettre à l’Europe de franchir rapidement le cap d’une transformation démocratique et structurelle, et de répondre avec efficacité et audace aux défis géopolitiques actuels.

La création d’institutions mondiales comme le FMI, pour la stabilité financière, l’OCDE, pour la coopération économique, ou l’ONU, pour la paix et la sécurité, a été une première étape. La suivante consiste à instaurer des causes communes internationales, comme l’ont montré la gestion collective de la pandémie de Covid-19 ou les COP sur le climat, qui réunissent chaque année les États autour de la lutte contre le réchauffement climatique.

Il devient essentiel d’adopter des lois universelles pour sanctuariser certains espaces naturels, comme l’Amazonie ou l’Antarctique, reconnaître l’eau comme bien commun mondial, et protéger la biodiversité. Il s’agit aussi de renforcer la coopération scientifique, de promouvoir l’éducation à la citoyenneté mondiale et de mettre en place des mécanismes de solidarité internationale pour aider les territoires les plus vulnérables.

En définitive, c’est avant tout par la force de notre projet politique et par notre volonté affirmée de prospérité partagée que nous pourrons convaincre nos partenaires actuels et attirer de nouveaux alliés. L’Europe doit incarner un modèle de stabilité, d’innovation et de solidarité, capable d’inspirer confiance et d’offrir des perspectives concrètes de développement. Ce sont ces valeurs et cette dynamique collective qui rendront l’Union européenne incontournable sur la scène internationale, bien plus que la seule démonstration de puissance ou la multiplication des discours.

Comme le rappelait le Cardinal de Richelieu :

« La politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire. »