Conférences à Lyon sur le livre d’Alessandro Bresolin, les 9 et 10 octobre Albert Camus : l’union des différences. Le legs humain et politique d’un homme en révolte
Soirées aux thèmes complémentaires. La première le lundi 9 octobre à la Maison de l’Europe et des Européens consacrée à Camus et le fédéralisme. La seconde au CEDRATS (Centre de documentation et de recherches sur les alternatives sociales) axé sur la nature libertaire de l’auteur de L’homme révolté.
Plusieurs autres associations avaient invitées conjointement aux deux initiatives, Presse Fédéraliste, évidemment, mais également les Citoyens du monde (Assemblée des), le Conseil mondial Amazight, le Collectif des Amazight de France, Coup de soleil Rhône-Alpes, les Jeunes Européens Lyon, la Maison des passages, la Société des Études Camusiennes, les Rencontres méditerranéennes Albert Camus et l’UEF AuRA.
Camus voyait dans le nationalisme le terreau des totalitarismes. Dès mars 1945, alors qu’on entrait dans la phase d’agonie du IIIe Reich, la première conférence internationale de fédéralistes européens, qui put se tenir après le reflux des armées allemandes dans les territoires occupés, eut lieu à Paris à l’initiative d’un « Comité français pour la fédération européenne ». Ce comité fondé clandestinement à Lyon en juin 1944 et dont Camus était l’un des fondateurs, se présentait lui-même comme « le premier centre de ralliement des forces démocratiques et socialistes en vue d’une action fédéraliste commune ». Albert Camus y prononça le discours d’ouverture devant Altiero Spinelli ou le député travailliste John Hynd.
Virginie Lupo, professeur de lettre membre de la Société des Études Camusiennes et de Coup de soleil, a présenté l’auteur Alessandro Bresolin, un des premiers étudiants Erasmus (à Toulouse), qui fut ensuite facteur de la poste italienne dans sa région d’origine la Vénétie, avant de traduire en italien des auteurs français prestigieux comme les frères Goncourt ou Paul Valéry et se consacrer à la recherche. Elle a souligné la remarquable interview, publiée en postface de l’ouvrage, de Catherine la fille de l’écrivain, disparu alors qu’elle avait 14 ans, et qui consacre sa vie à gérer l’œuvre de son père.
Alessandro Bresolin a replacé l’engagement fédéraliste de Camus dans sa biographie , l’engagement au PC, ses contacts avec El Okbi du mouvement des Oulémas pour un « islam ouvert et tolérant », la guerre d’Espagne à laquelle il ne peut participer « alors qu’il écrit comme un castillan », le journalisme àAlger Républicain, le théâtre (Caligula) et enfin la « cause perdue » de l’Algérie (« Antigone a raison mais Créon n’a pas tort, les Algériens ont raison mais, la France n’a pas tort »).
Le débat a aussi été animé par les interventions de Jean-Louis Meunier, président des Rencontres internationales Albert Camus de Lourmarin.
En guise de conclusion de la première rencontre l’acteur Jérôme Bru a lu la troisième « Lettre à un ami allemand ».
Le deuxième débat a eu lieu le lendemain, au Centre de documentation et de recherches sur les alternatives sociales, animé par Mimmo Pucciarelli. Au milieu de 15.000 livres et des collections de 4.500 revues, dont Fédéchoses, hérités par des dons de plusieurs associations, parmi lesquelles la revue mensuelle Silence, Économie et humanisme, la Bibliothèque du Tiers Monde, l’Atelier de création libertaire et la librairie À plus d’un titre, les mêmes ont animés un débat autour des idées libertaires d’Albert Camus.
Il a été question de L’Homme révolté, « un essai pour donner à la pensée libertaire une sorte de philosophie politique ». Et du cheminement de la pensée camusienne en raison de ses positions anticoloniales, des ses contacts avec les Arabes, son éloignement du PC qui « lutte contre les socialistes et laisse tomber les militants du parti de Messali Hadj », de l’Espagne en 1936.
A aussi été évoqué, son combat avec Gary Davis lorsque le 19 novembre 1948, celui-ci après avoir préparé son action avec Albert Camus et François-Jean Armorin, interrompt une séance de l’Assemblée générale des Nations unies au Palais de Chaillot afin de demander « la création d’un gouvernement mondial ».
Enfin, Alessandro Bresolin a rappelé qu’après la deuxième guerre mondiale, Albert Camus se lie d’amitié avec Rirette Maitrejean, ancienne compagne de Victor Serge et proche de la Bande à Bonnot. Elle travaille comme correctrice au journal Libération jusqu’en 1953 et selon certains auteurs, elle accompagne Albert Camus dans les méandres de la pensée libertaire et des milieux anarchistes.
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