Nouvelle Commission européenne : un drôle d’équilibre
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Le nouveau collège des commissaires présenté hier par Ursula von der Leyen est un savant équilibre présumé, respectant parité, nationalité, convictions politiques et enjeux. La communication désopilante de la Commission dissimule l’absence de vision d’un exécutif dominé par les divergences nationales.
Si le respect de la parité est une avancée réjouissante, la nomination de 27 commissaires, de 27 nationalités différentes suscite la consternation. Prétendu « équilibre géopolitique », la composition de la nouvelle commission est surtout le reflet de la vanité des États membres, incapables de renoncer à leur propre commissaire. Le portefeuille de Sylvie Goulard, qui fait le grand écart entre marché intérieur et politique de défense en est l’une des meilleures illustrations. Les convictions d’Emmanuel Macron auront fait long feu, lui qui défend depuis son discours de la Sorbonne la réduction du nombre de commissaires.
Quant à la cohérence de l’ensemble, ce n’était visiblement pas la préoccupation de la présidente de la Commission, absorbée par son numéro d’équilibriste. Le funambule est bien debout, mais faute de regarder autre chose que ses pieds, la direction qu’il prendra reste largement indéterminée. Les éléments de langage ne suffisent pas à masquer cette absence de vision. « Nous devons être capables d’avancer sur les sujets les plus importants, avec rapidité et détermination » affirme Ursula von der Leyen. Encore faudrait-il être en mesure d’identifier ces sujets au regard des orientations politiques défendues pendant la campagne des élections européennes. Manque de chance, Ursula von der Leyen n’y a pas pris part, et deux de ses vice-présidents exécutifs ont été concurrents.
La hiérarchisation exacerbée que ce nouveau poste de « vice-président exécutif » introduit, renforce légitimement les doutes sur la capacité des 27 commissaires à s’entendre. On pressent les futures guerres des chefs. Et on ne doute pas que celles-ci redoreront l’image de la Commission auprès des européens. Avec un salaire annuel minimum de 270 000 €, c’est la moindre des choses qu’ils puissent nous offrir.
Lorsque le fond manque, la forme permet de sauver les apparences. Et la cheffe de l’exécutif européen ne nous a pas déçus. Certains des commissaires se sont vu attribuer des portefeuilles aux libellés intrigants. C’est le cas de Josep Borrell, nouveau Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, dont le portefeuille a été renommé « Une Europe plus forte sur la scène internationale » ou encore de Valdis Dombrovskis qui supervisera tout ce qui concerne « l’économie au service des gens ». Si ces sobriquets peuvent faire sourire, il n’est pas nécessaire d’être un populiste anti-européen convaincu pour y déceler un fossé entre les conditions de vie des européens et les fonctionnaires européens experts ès communication. Qui sait ce qu’ils ont défini comme périmètre pour terme aussi flou que « une économie au service des gens » ? Mais d’autres ne font pas sourire. A l’instar du nouveau commissaire Margaritis Schinas, responsable de la « protection du mode de vie européen », libellé aux accents orwelliens que n’aurait pas renié un Donald Trump ou un Victor Orban. La seule certitude est que la commissaire aux valeurs et à la transparence, Věra Jourová, aura fort à faire.
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