Présidence du Parlement : la crédibilité de l’Europe est en jeu
Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.
Parlement européen
Avec l’élection à mi-mandat d’une nouvelle présidente du Parlement européen dans le cadre d’un accord entre les principaux partis, Ulrich Bohner, membre du Conseil d’administration de l’UEF France, pose la question du risque de perte de crédibilité que cela peut représenter pour les citoyens et les citoyennes, et des solutions à adopter pour y remédier.
Cette article est paru initialement dans "Fédéchoses pour le fédéralisme" n°191. La revue est consultable sur le site de Presse fédéraliste. Nous reprenons cet article avec leur aimable autorisation.
En 1979, nous autres fédéralistes nous sommes réjouis d’un gain de crédibilité important pour l’institution européenne qui est la plus proche des citoyens, par l’élection directe du Parlement Européen – qui a d’ailleurs réussi à élargir ses compétences depuis, même si ce n‘est toujours pas assez à notre goût.
Au sein du Parlement Européen s’est installée une tradition qui veut que, pour la période électorale de 5 ans, la présidence du Parlement soit partagée, moitié/moitié entre les deux groupes politiques les plus importants, le PPE et le S&D (parti populaire européens et socialistes et démocrates). Si cette tradition était en principe compréhensible, elle commence déjà à poser problème par rapport à des groupes certes plus petits, mais néanmoins importants, comme le groupe libéral (« Renew Europe ») et le groupe des Verts.
Ce qui semble poser encore plus de problème, c’est que le groupe qui désigne le candidat (cette fois-ci le PPE pour l‘élection du 18 janvier), semble décider seul du nom du candidat à la présidence. Il a choisi l’eurodéputée maltaise Roberta Metsola, pour succéder au socialiste italien David Sassoli.
Or, les citoyens européens, électeurs du Parlement Européen, sont en droit de s’attendre à ce que le Président de cette institution représente, en même temps, les valeurs qui leur sont chères. Ceci englobe aujourd’hui le droit des femmes à disposer de leurs corps (y compris l’IVG) et leur protection contre les violences faites aux femmes.
Si les compétences et l’intégrité de Mme Metsola au sein du Parlement ne sont pas contestées, elle semble, sur ces deux dossiers, être prisonnière de l’opinion publique maltaise - qui est largement déphasée par rapport à l’opinion publique dans nos Etats membres. Dès lors, son élection à la présidence du Parlement risque de porter atteinte à la crédibilité de cette institution chez nous, les citoyens et électeurs et d’accréditer la thèse que beaucoup de décisions européennes se prendraient au moyen de négociations en petits cercles, derrière le dos des citoyens, pour des considérations nationales plutôt qu’européennes.
L’élection du parlement sur la base de listes transnationales, basées sur des partis et des programmes véritablement européens pourrait contribuer à remédier à cette situation.
Ulrich Bohner
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